Mes filles sont en moi. Mes trois filles, les vivantes et la morte. La morte m'a laissé son souvenir, mais aussi un petit bout d'elle, dans mes veines, dans ma lymphe, dans mes os. Dans nos corps de femmes, ces cellules chimériques perdurent, une toile d'araignée qui s'étend à l'infini, de mère en fille, de fille en mère.
Le ventre vide, les mains vides et la tête pleine de ce qu’aurait du être Mê-Linh si elle avait vécu.
Un livre que j’ai lu avec mon cœur et mes tripes qui raconte la solitude et ce deuil inacceptable, l’incompréhension et la culpabilité, une mère avec ses mots, sa souffrance.
« La mère dont l’enfant meurt est son propre geôlier. Sa cellule est fermée à clé, une clé qu’elle a jetée au fond d’un puits.»
Il y a aussi cette surenchère sur les réseaux sociaux avec des classifications hallucinantes. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Les psychologues sont rafraichissantes aussi.
Avec une approche culturelle et linguistique très intéressante. Et une évocation du deuil dans différents pays.
«Certains temples au Japon organisent des cérémonies mémorielles pour les mizuko (enfants invisibles – enfants qu’on ne voit pas), les enfants- eaux. Les bébés morts, les bébés jamais nés, les bébés avortés, les bébés fausses-couches, les bébés morts trop jeunes.»
Le récit traite du Pays de Nulle part et des enfants de l’exil (petits corps échoué sur des plages), des enfants victimes du changement climatique ou de la guerre. De la difficulté à supporter cette misère au quotidien quand on est journaliste mais aussi du manque de compassion, d’intérêt de certains pour ces victimes innocentes.
Ce fut une lecture difficile, j’ai souvent eu les larmes aux yeux mais c’est aussi très beau cet amour d’une maman blessée à vie et l’histoire de cette petite fille si belle, si fragile.
« Mes filles sont en moi. Mes trois filles, les vivantes et la morte.»
Un roman de femmes fort, puissant, une quête douloureuse vers l’apaisement. Doan Bui touche à cette intimité qui nous lie toutes.
Merci aux éditions Grasset de leur confiance pour ce service de presse. Cet avis n’engage que moi.
# LepaysdeNullepart #NetGalleyFrance
Maman se souvient de l'enfant. Enfant manque à Maman.
Se souvenir parce qu'il nous manque quelque chose, parce qu'on est amputé.