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Tu sais quelqu'un qui naît dans la galère, qui grandit dans la souffrance, à un moment donné, il a envie d'en sortir. Même s'il n'a qu'une petite chose à lui, il va la gaspiller pour s'en sortir. C'est ça qui est dramatique.
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Ce livre est un mal nécessaire.
« C’est une situation étrange. C’est comme si vous étiez témoin de crimes. Vous êtes le seul témoin et vous arrivez même à vous poser la question de si ces choses existent en fait. Qui… Qui est mort ? On n’a ni les noms de famille ni les prénoms des personnes qui sont mortes, on n’a rien. Il y a cette impression d’irréalité terrible.»
Ils sont cinq Veilleurs : Maria, Hervé, Marie Dupont, Saliou, Marie Cosnay.
Certains sont en première ligne, assistent les passagers pendant que le bateau coule mais comment face à leur panique, aux hurlements dire que personne ne viendra. Quelle charge émotionnelle, quel courage pour rester à la barre !
Après il y a ceux qui cherchent les corps et les survivants comme sur un champ de bataille, trouver les morts, leur donner une sépulture. Il y a aussi ceux qui tiennent des comptes (nombre de bateaux, nombre de passagers).
Il y a aussi ceux qui les aident sur le terrain.
Jamais la phrase, l’espoir fait vivre ne prend autant de sens que dans ce livre car oui il s’agit bien d’espoir pour les migrants et leur famille.
Espoir d’une vie meilleure qui les pousse à partir.
Espoir d’être sauvés lorsque le bateau coule.
Espoir qu’ils aient survécu pour les familles face au silence de leurs disparus.
Mais face aux avertissements, aux dangers de la traversée, la misère est telle qu’ils continuent. Certains ont perdu un membre de leur famille en Méditerranée mais il était soutien de famille alors un autre prend sa place. C’est aussi cette mère qui continuera pourtant un ancien passeur l’a avertie :
« Tu vas être violée ! Tu peux être tuée, tes enfants peuvent mourir ! Comment te sentiras-tu si tes enfants meurent ?»
Comment dénoncer des actes criminels lorsqu’on a toute l’information sur la table et que rien ne bouge ?
Il y a une certaine forme d’inertie autour de toute cette histoire. À qui cela profite-t-il ?
Vivons-nous dans un monde sans âme et sans humanité ? Un monde égoïste ? Oui pour certains… Mais grâce à ces cinq vigies, autour des frontières, il y a toujours du lien, de l’entraide. Une petite lumière brille. Et ces personnes sont de sacrés héros.
Taina Tervonen par ces cinq interviews dresse un tableau très difficile à supporter de ce qui ce passe en Méditerranée, les drames se poursuivent et n’intéressent plus personnes…
Merci aux éditions Marchialy. Cet avis n’engage que moi.
#LesVeilleurs #NetGalleyFrance
De quel cynisme faut-il faire preuve pour chercher à se faire du profit sur le dos des disparus ? L'histoire me fait penser à des anecdotes entendues en Bosnie où, dans les années suivant la guerre, des personnes sans scrupule réclamaient de l'argent pour révéler le lieu où le corps d'une victime d'exécution avait été enseveli. Plus tard, Maria, une autre veilleuse, me parlera de « bêtes sauvages » qui, contre de fortes sommes d'argent, proposent à des familles de disparus de leur envoyer des photos de vêtements ou de cadavres, supposément ceux de leurs proches.