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russie

2025-06-30T19:13:40+02:00

Berezina

Publié par Althéa

Fous de souffrance, décharnés, gelés, mangés de vermine, ils allaient devant eux, des champs couverts de morts vers d'autres champs de linceuls. Chaque pas arraché constituait le salut en même temps que la perte. Ils marchaient et ils étaient maudits;

...

Fallait-il que Napoléon irradiât d'une force galvanique pour que ces hommes ne lui tiennent pas rancune de leur infortune et , mieux ! perdent toute amertume à son apparition !

Ils furent les grands martyrs de la Retraite. On les creva sous les charges, on les écorcha vifs, ... Personne n'a célébré la souffrance des chevaux de 1812 à la juste hauteur de leurs souffrance.
...S'il y a une innocence fauchée par la guerre, c'est bien celle des animaux : ils se seraient passés de la violence des hommes.
...Pourquoi m'avez-vous conduit ici ? Vous autres, Hommes, avez failli, car aucune de vos guerres n'est celle des bêtes. Les français possédaient près de cent cinquante mille bêtes en commençant la guerre : cent mille chevaux de trait et quarante-cinq milles montures. Les Russes en disposaient d'à peu près autant . Sur ces trois cent mille bêtes, deux cent mille moururent pendant les six mois de campagne.

Il y a ceux qui reconstituent les batailles de l'Empereur avec des soldats de plomb. Et puis il y a Sylvain Tesson qui à bord d'une Oural, aux mêmes dates, nous fait suivre la route empruntée par la grande armée.
L'auteur nous emmène sur son side-car et nous fait découvrir à l'aide de nombreux documents, le trajet suivi pour revenir en France, la description des lieux et les réflexions qu'imposent le retour sur ces hauts lieux chargés d'histoire sont émouvants, tant de détresse, de souffrances humaines et animales. Sylvain Tesson cherche d'une certaine façon des raisons pour cette guerre, ces hommes qui suivaient l'Empereur de campagnes en campagnes. A la page 203, il nous dit : " L'Empereur avait réussi une entreprise de propagande exceptionnelle. Il avait imposé son rêve par le verbe. Sa vision s'était incarnée. La France, l'Empire et lui-même étaient devenus l'objet d'un désir, d'un fantasme. Il avait réussi à étourdir les hommes, à les enthousiasmer, puis à les associer tous à son projet : du plus modeste des conscrits au mieux né des aristocrates." Les français avaient fait un rêve qui s'achevait avec la Bérézina.
C'est un livre que j'ai énormément apprécié pour les connaissances qu'il m'a apporté et puis qui n'aurait pas envie de faire la route sur une Oural, cheveux aux vents, sur les traces de l'auteur. Je me dois aussi de remercier une e amie, sans ses critiques de Sylvain Tesson, je n'aurais peut-être pas rencontré cet auteur auquel je laisse le mot de la fin :
"Qui était Napoléon ? Un rêveur éveillé qui avait cru que la vie ne suffisait pas. Qu'était l'histoire ? Un rêve effacé, d'aucune utilité pour notre présent trop petit."

_ Nous nous contenterons de répéter l'itinéraire de la Retraite.
_ En mesurant au plus profond de nous..
_ ... la charge de malheur...
_ ... la somme de souffrances...
_ ... ce que coûte en chagrin un songe de grandeur.
_ ... et ce qu'il faut de larmes pour réformer le monde.

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