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litterature russe

2025-07-25T09:23:24+02:00

Maître et serviteur

Publié par Althéa

Une nouvelle rafraîchissante de cent pages d'un de mes auteurs préférés. 

Les traces des patins étaient aussitôt recouvertes par la neige que chassait le vent, et l'on ne pouvait distinguer la route que parce qu'elle était plus élevée que la plaine qu'elle traversait. Des tourbillons de neige couraient sur les champs, et l'on ne discernait plus la ligne où le ciel et la terre se rejoignent. La forêt de Tiliatino, qu'on distingue toujours très bien, ne se faisait entrevoir que par instants comme une tâche noirâtre à travers la neige poussiéreuse. Le vent venait de gauche, chassant obstinément vers la droite la crinière de Bai et sa queue bien fournie, serrée en un gros noeud. Le long col de Nikita, qui était assis sous le vent, se collait à son nez et à sa joue.

Toute la maestria de Tolstoï en cent pages.
Nous voici partis en traîneau, pris dans une violente tempête, la nuit tombe, le chemin est recouvert par la neige, le vent souffle en bourrasque, nous avons froid, nous nous inquiétons mais par chance nous arrivons dans un village.
Seulement, dans cet attelage, Vassili Andréitch n'a qu'une obsession conclure une affaire le plus rapidement possible. Il ne pense qu'à ses futurs profits. Les villageois lui conseillent d'attendre mais rien à faire, les voilà repartis dans la tourmente. Soumis son domestique Nikita l'accompagne et le sert de son mieux grâce à sa connaissance de la nature.
Dans ce récit, Tolstoï nous montre à quel point, l'homme est impuissant face à la nature, Vassili Andréitch l'apprendra à ses dépens et réalisera trop tard qu'il ne maîtrise que peu de choses. C'est aussi une belle leçon de lâcher-prise car Nikita, son serviteur, sait qu'il n'a pas grand-chose à perdre et accepte l'idée de sa mort tout en plaignant son maître, qui lui, à tant à perdre.
Toute la finesse de Tolstoï dans ces deux portraits où finalement le maître finit par réaliser qu'il a une vie à charge.
Une réflexion sur l'importance de la vie, la sienne et celle des autres.

La pensée de mourir cette même nuit ne lui parut ni trop regrettable, ni trop effrayante. Pas trop regrettable, parce que sa vie était loin d'être une fête continuelle, mais une servitude incessante au contraire et dont il commençait à se fatiguer ; pas trop effrayante, parce qu'outre les maîtres, comme Vassili Andréitch, au service desquels il se trouvait ici-bas, il se sentait soumis au Maître des maîtres, à celui qui l'avait envoyé sur cette terre, et il savait qu'en mourant il resterait encore au pouvoir de ce maître qui ne le molesterait pas.

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2025-07-12T11:31:17+02:00

Vis et souviens-toi

Publié par Althéa

« C'est encore la guerre, c'est toujours elle, recommença-t-il à se justifier et à maudire, ele n'en a pas assez avec tous les tués, les estropiés, il lui faut encore des types comme moi ? D'où nous vient, à tous à la fois, cet horrible, horrible châtiment ?...

Lorsque j’ai lu le résumé, j’ai pensé de suite à la chanson de Boris Vian  « Le déserteur » :

Je ne suis pas sur terre

Pour tuer des pauvres gens

Mais hélas il n’en est rien. Je m’attendais à un être qui a le courage de dire non à la guerre même si cela risque de lui coûter la vie.

Mais non ! Andreï Gouskov est parti en haïssant ceux qui restait, revient en ayant trop honte pour se montrer et menace sa pauvre femme, Nastiona qui prendra beaucoup de risques pour lui. Sans parler de  l’épisode du veau qui m’est resté en travers de la gorge. Comme vous pouvez le deviner je n’ai pas aimé ce personnage.

À l’examen clinique, ce roman présente un électro-encéphalogramme plat. Il est monotone et m’a semblé bien long malgré ses deux cent quatre vingt huit pages.

Je suis restée sur ma faim, ce n’est ni une charge ni une apologie envers les déserteurs qui furent assez nombreux somme toute en Russie lors de la seconde guerre mondiale.

Et en fait, la guerre sert de toile de fond, ce serait plutôt la chronique d’un village même si le texte est minimaliste.

Par contre Nastiona est une belle personne qui relève cette histoire même si son comportement est étonnant, car bien qu’elle ne comprenne pas toujours AndreÏ et qu’elle ait des doutes :

« Bon dieu, que les sentiments humains sont capricieux et confus, qu’ils sont exigeants et inconstants. Était-ce bien vers cet homme qu’elle avait ramé, pour lui qu’elle souffrait, était-ce lui qui possédait sur elle cette emprise épouvantable et tant souhaitée ? Elle avait du mal à y croire. »

Elle lui restera fidèle jusqu’au bout et subira l’opprobre des villageois.

Mon avis quand à Valentin Raspoutine est mitigé, je souhaitais découvrir un nouvel auteur russe. Je ressors déçue de cette lecture donc il ne vous reste plus qu’à le lire et à vous forger votre propre opinion.

Merci aux éditions Noir sur Blanc. Cet avis ne concerne que moi.

# Visetsouvienstoi # NetGalleyFrance

Et l'homme prétend encore que l'âme d'autrui est ténèbre, comme s'il avait une idée de ce qui se passe dans la sienne.

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2025-07-04T15:51:24+02:00

L'archipel d'une autre vie

Publié par Althéa

Dans ce monde confus, l'unique constante s'imposait : la haine. Elle pouvait résulter du désir, de la peur ou bien des idées apparemment nobles et, curieusement, les plus meurtrières.

Il faut absolument lire L'archipel d'une autre vie, c'est magnifique, c'est grandiose, ça vous laisse sans voix.
Au début du livre qui est fort bien écrit et nous fait découvrir la vie en Sibérie, le régime de Staline et l'immensité de la taïga, on s'interroge sur ce fugitif plutôt inoffensif et on se demande pourquoi malgré une lecture agréable tout le monde en dit tant de bien, puis à la page 120 après une certaine révélation, la lecture s'emballe et le temps est aboli jusqu'à la toute dernière phrase.
Ce livre est un questionnement sur la civilisation : nous rend-elle plus humain ou fait-elle de nous des pantins déshumanisés incapables de réfléchir par nous- mêmes.
Une chose est sûre je suis tombée sous le charme de la plume d'Andreï Makine et si ce ne sont plus les îles Chantars, je visiterais d'autres coins de Russie et d'autres époques avec plaisir grâce à lui. Merci pour un si beau livre.

A la chute du jour, en dévorant la chair grillée sur les braises, je pris conscience de n'avoir jamais pensé avec un tel chagrin et une telle reconnaissance, à une parcelle de vivant qui m'épargnait la mort. En vérité, jamais je ne m'étais senti aussi uni à cette vie dite sauvage et à laquelle à présent j'appartenais...

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