Une nouvelle rafraîchissante de cent pages d'un de mes auteurs préférés.
Les traces des patins étaient aussitôt recouvertes par la neige que chassait le vent, et l'on ne pouvait distinguer la route que parce qu'elle était plus élevée que la plaine qu'elle traversait. Des tourbillons de neige couraient sur les champs, et l'on ne discernait plus la ligne où le ciel et la terre se rejoignent. La forêt de Tiliatino, qu'on distingue toujours très bien, ne se faisait entrevoir que par instants comme une tâche noirâtre à travers la neige poussiéreuse. Le vent venait de gauche, chassant obstinément vers la droite la crinière de Bai et sa queue bien fournie, serrée en un gros noeud. Le long col de Nikita, qui était assis sous le vent, se collait à son nez et à sa joue.
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Toute la maestria de Tolstoï en cent pages.
Nous voici partis en traîneau, pris dans une violente tempête, la nuit tombe, le chemin est recouvert par la neige, le vent souffle en bourrasque, nous avons froid, nous nous inquiétons mais par chance nous arrivons dans un village.
Seulement, dans cet attelage, Vassili Andréitch n'a qu'une obsession conclure une affaire le plus rapidement possible. Il ne pense qu'à ses futurs profits. Les villageois lui conseillent d'attendre mais rien à faire, les voilà repartis dans la tourmente. Soumis son domestique Nikita l'accompagne et le sert de son mieux grâce à sa connaissance de la nature.
Dans ce récit, Tolstoï nous montre à quel point, l'homme est impuissant face à la nature, Vassili Andréitch l'apprendra à ses dépens et réalisera trop tard qu'il ne maîtrise que peu de choses. C'est aussi une belle leçon de lâcher-prise car Nikita, son serviteur, sait qu'il n'a pas grand-chose à perdre et accepte l'idée de sa mort tout en plaignant son maître, qui lui, à tant à perdre.
Toute la finesse de Tolstoï dans ces deux portraits où finalement le maître finit par réaliser qu'il a une vie à charge.
Une réflexion sur l'importance de la vie, la sienne et celle des autres.
La pensée de mourir cette même nuit ne lui parut ni trop regrettable, ni trop effrayante. Pas trop regrettable, parce que sa vie était loin d'être une fête continuelle, mais une servitude incessante au contraire et dont il commençait à se fatiguer ; pas trop effrayante, parce qu'outre les maîtres, comme Vassili Andréitch, au service desquels il se trouvait ici-bas, il se sentait soumis au Maître des maîtres, à celui qui l'avait envoyé sur cette terre, et il savait qu'en mourant il resterait encore au pouvoir de ce maître qui ne le molesterait pas.
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