La mythification du mal est le piège le plus sournois : il suffit de penser à la popularité qu'à toujours connue le diable dans l'art. De la prise de Carthage aux démembrements de Tamerlan, de l'Holocauste aux khmers rouges, dans chaque acte de barbarie de masse, le bourreau semble fatalement plus séduisant, plus mystérieux - plus morbidement intéressant - que ses victimes. Et, au cours de l'effort que nous produisons pour le comprendre, le charme qu'il exerce peut faire naître en nous une compassion inconsciente, toxique.
À peine une demi-heure auparavant il s'était planqué comme un animal traqué, terrifié à l'idée d'être vu par un des personnages du drame, parce que sa simple présence dans le cimetière avait le goût du sacrilège. Il n'avait pas encore réussi à imaginer avec quels mots il aborderait les proches endeuillés, comment il parviendrait, avec sa seule expression, à montrer respect, compassion et intégrité - à inspirer l'insdipensable confiance. La détermination qui l'avait poussé à conduire toute une nuit avait chancelé dès son arrivée dans le village désert.
Une plongée dans un univers sombre avec des secrets mais aussi un roman qui pose de nombreuses questions tant l’histoire est hallucinante.
Séxtos veut écrire sur une tuerie de masse dans un petit village grec, le professeur est mort, des élèves aussi, deux autres sont hospitalisés, le tueur s’est immolé. Pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ?
« De nouveau les mêmes mots : enfant, innocent. Mais à quel point un enfant qui tuera un jour peut-il être innocent ? Et au moment où il tue ? Est-il encore un enfant ?
Normalement cela se passe aux États-Unis, ici l’auteur a choisi un tout petit village grec bien que cela pourrait se produire n’importe où.
Une histoire qui débute comme une tragédie grecque ? Avec le « chœur » des victimes qui revien tout au long du récit.
Une société de la drogue, des armes, des laissés pour compte qui ne ressort pas grandie de ce roman.
La culpabilité est partout et nulle part pourtant un coupable serait si pratique !
C’est un drame de l’exclusion, avec cette femme (maman bien trop jeune et si seule) et de son fils laissés pour compte, que sait-on d’eux ? Des boucs «émissaires idéaux. Oui, mais… qui s’est intéressé à eux avant le drame ?
Comment une petite fille de treize ans peut-elle traîner seule dans les rues et se retrouver victime d’un pédéraste.
Drame de la solitude, de l’ignorance, de la méchanceté gratuite.
Petit-à-petit, couches après couches, la vérité éclatera noire, sordide, inimaginable. On en a froid dans le dos.
C’est un récit très éprouvant du début jusqu’à la fin, j’ai du m’arrêter après la description des blessures du jeune homme hospitalisé mais ce n’était pas fini ! Certains passages sont d’une extrême violence.
Ce qui s’annonçait comme une enquête sur un fait divers c’est transformé en une vaste réflexion sur notre monde.
Xenófon connait une partie de la vérité : « … je le garde pour me rappeler que je ne suis pas étranger, comme ils disent, mais que le meurtre sème le meurtre et qu’il n’y a d’innocent que celui qui n’est pas né. »
Ne rien dire c’est éviter une polémique mais c’est aussi courir le risque de voir l’histoire se reproduire.
J’avais envie de découvrir, Auguste Corteau, auteur grec, de son vrai nom Petros Chatzopoulos c’est chose faite. J’ai aimé la plume, le récit et surtout la fin m’ont complètement déstabilisée. Quel rebondissement !
Un auteur que je recommande. À vous de juger.
Merci aux éditions Belfond Noir pour leur confiance. Cet avis n’engage que moi.
#Lenfantquisemalamort #NetGalleyFrance
Les histoires résistent à la traque : elles savent échapper à notre écoute, aussi attentive soit-elle. Parfois, pourtant, leur vol change brusquement de direction, comme si le silence suffocant du secret les étouffait. Elles veulent à tout prix être entendues, elles tendent une embuscade au chasseur et viennent se nicher d'elles-mêmes au creux de son oreille.