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2025-08-14T17:30:10+02:00

Où s'adosse le ciel

Publié par Althéa

Je suis le voyant, l'élu des élus. Je suis le rapporteur omniscient, le lien vivant entre le passé et le présent, le scribe d'hier et d'aujourd'hui. Les paroles du grand ancêtre sont ma sauvegarde, le talisman de ma survie tant que je ne les aurai pas léguées à mon tour. Je suis le voyant l'élu des élus, le scribe des destins.

Si jamais je reviens un jour dans mon village natal à Maka, près de Saint-Louis du Sénégal, pour y mourir, je n'aurai pas le droit d'y être enseveli. Je ne pourrai qu'être suspendu au bout d'une corde, au creux d'un baobab.

Toute la magie de l'Afrique, d'un griot et d'un auteur.

De nos jours et dans l'ancienne Égypte, deux traversées du désert.

Bilal est abandonné par son maître et ami qui craint qu'il n'ait attrapé le choléra. Seul, il poursuivra son chemin et nous voici entraînés dans le temps et hors du temps.

Partir à la source de la parole, c'est ce que va faire Bilal Seck le griot.

Un grand périple parsemé des histoires de l'impur, de l'esclave louangeur, la sienne et celles des soixante et onze maillons de la chaîne de parole de sa caste.

En un lieu où des destinées se sont accomplies, Bilal dénouera la trame de son destin grâce à ce qui pourrait sembler une malédiction

Avec intelligence et finesse, Bilal Seck le passeur de mots et d'histoires, le scribe des destins s'affranchira de sa condition.

C'est tout à la fois une histoire passionnante et un conte philosophique écrits par un grand écrivain David Diop dont le style et les mots m'enchantent.

« Les intrigues n'ont jamais abouti,

Car c'est l'ordre des dieux qui se réalise,

Songe à vivre en toute sérénité,

Car ce qu'ils accordent vient naturellement. »

Merci aux éditions Julliard pour ce superbe roman.

# Làoùsadosseleciel #NetGalleyFrance

La soixante-dixième héritière de l'histoire des origines, sa grand-mère, était de ceux qui interrogeaient l'injustice de leur sort, l'aberration de la malédiction fondatrice. Non la malédiction n'était pas irrévocable.

Où s'adosse le ciel sort le 14 août 2025.

David Diop a aussi écrit Frère d'âme, La porte du voyage sans retour, Le pays du Rêve.

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2025-08-11T08:46:37+02:00

Troublantes racines

Publié par Althéa

Francine Romero a vécu quelques années en Afrique. Elle nous confie ses souvenirs. La suite Sur les rives du Djoliba vient de paraître.

La nuit nous tombe dessus, sans prévenir, nous enroule dans sa douceur, puisque nuit ne veut pas dire froid. Les nuits sont chaudes ici. Je prie à la vue de cette splendeur, prière spontanée, sans autre but que de dire merci. Le matin, j'assiste, aussi minuscule qu'une fourmi, à la création du monde dont l'immensité se déploie, se multiplie, se colore en une incroyable variété de tons roses, bleus et violets, en un sans fin de nuances se mariant entre elles. Devant l'infini de l'univers, ou dans ce qu'il a de plus monumental, oui, je me sens petite. Et là où je dois être. Comment ne pas se sentir grain de sable, infiniment petit, comment ne pas participer à l'harmonie, à ce que Freud appelle le sentiment océanique ?

17. Histoire contemporaine

Pour beaucoup d'observateurs et au dire même des négriers, l'abolition de l'esclavage n'est pas due à des raisons humanitaires. Elle est due à une banale logique économique selon laquelle la traite désormais coûte trop cher par rapport aux bénéfices que l'on en tire.
Et la colonisation commence.
Gaston Kelman

« La rencontre que j’ai faite en Afrique d’une race essentiellement différente de la mienne a contribué puissamment à l’heureuse expansion de mon univers. La tendresse est née entre nous au premier regard.»

Karen Blixen

Ce livre est une bouffée de fraîcheur presque un appel au large dans ma petite vie de tous les jours.

Que ce soit cette citation de Karen Blixen où des extraits de ce roman je suis rentée chez moi le temps de la lecture. J’ai partagé le ressenti de Francine, il y a bien des années, presque une autre vie. Ce n’était pas le même pays mais les mots et les impressions ont résonnés en moi.

Ce texte se présente en deux parties :

La première sous forme de journal de bord avec sa famille, le tout agrémenté de textes et d’une analyse de cette expérience.

La vie au jour le jour, l’accueil de sa famille, leurs coutumes et puis aussi la sorcellerie (tout ce qui y touche ou presque m’était plus ou moins connu avec quelques variantes).

La seconde tient plus du témoignage est n’en est pas moins intéressante.

Nous voici revenus à la dure réalité de ces pays où la colonisation a semé les graines du pouvoir, de la corruption, de l’envie. Des pays qui ont souvent recours à la dictature et aux guerres ethniques.

Mais Francine Romero sait nous raconter sa vie, ses mésaventures en bateau, elle va rencontrer l’homme de sa vie et nous conter la magie d’un bracelet.

Après le Gabon et la Guinée Équatoriale, notre amie partira pour Niamey et Zinder à la découverte d’une autre culture.

Une approche complète, toute une culture abordée. Une très fine analyse étayées par des citations d’auteurs africains ou concernant l’Afrique qui font parfaitement écho à chaque chapitre.

J’ai adoré ce premier roman et attend le prochain avec impatience.

J’ai mis beaucoup de citation mais j’ai particulièrement aimé celle du fils de l’auteur à propos du travail :

« Ces enfants aussi travaillent, vont chercher du petit bois, portent les plats, aident à la préparation du manioc. Mon fils commente doctement : nous, on cravaille. »

Bon voyage...

 

Ce n'est pas la mort en elle-même qui est crainte, puisqu'elle représente souvent en Afrique Noire un état transitoire qui peut déboucher sur une renaissance, et ne signifie pas la fin ; la chose primordiale à éviter ; c'est de faillir aux rituels funéraires, omettre un acte, négliger un sacrifice un peu comme chez les Grecs, rappelons-nous Antigone. Ces pleurs, ces cérémonies ont pour but de faciliter l'insertion dans l'au-delà de l'âme du mort, et aussi de rassurer les vivants en leur donnant bonne conscience, en contribuant à les apaiser.

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2025-08-09T16:09:57+02:00

Cet autre Eden

Publié par Althéa

Tant de jours et de nuits tenaillés par le froid et la faim sur l'île. Tant de semaines d'affilée passées dans le noir, à rester blottis les uns contre les autres, à murmurer des prières pour appeler de ses vœux un peu de lumière, un peu de chaleur, un peu de pain.
L'hiver continua de tempêter et de tourbillonner pendant encore une semaine, puis déda la place au printemps. Le printemps triompha, bruyant et brillant, puis céda la place à l'été.

Des résidents sans domiciles d'Apple Island placé sous la tutelle de l'état : les autorités estiment que ces occupants excentriques sont dégénérés et en situation de détresse.

J'ai été happée par cette histoire de la première à la dernière page.

CET AUTRE EDEN offre tout à la fois la puissance d'un texte poétique et la tristesse d'une histoire sordide.

De par la description des insulaires, je n'ai pu m'empêcher de penser au côté de l'œuvre naturaliste d'Emile Zola avec une part de réalisme magique.

Tout au long du récit combien de fois ai-je soupiré "pauvres gens" !

Tout commence par une tempête à couper le souffle. Et des généalogies à n'en plus finir car ils tiennent à se rappeler qui ils sont.

Pour ce roman l'auteur se serait inspiré de l'histoire de l'île de Malaga et aurait crée la polémique. Les critiques ont affirmé qu'il contient des mythes néfastes sur les habitants  de l'île que les historiens ont tenté de corriger.

A mon avis, même si il n'y a qu'une infime part de vérité le tableau de ces notables puritains du Maine et leur prétexte fallacieux pour se débarasser de ces pauvres gens n'est pas du tout flatteur.

Du bétail, songea Matthew Diamond. Non. Moins que ça encore. Il aurait voulu dire : Cette femme connaît Hamlet par cœur, vous savez.

Le médecin continua de prendre les mesures d'Eha, murmurant à l'interne : Mûlatre ; imbécile de haut grade, ou débile ; démence ; probable érotomanie.

Benjamin Honey rêvait d'un verger de son propre Eden mais bien des années plus tard ces descendants vivent dans des conditons difficiles

Les habitants de l'île sont restés dans leur coin, effectuant des tâches pénibles pour assurer leur subsistance malheureusement leurs origines multiples, la promiscuité dans laquelle ils se trouvent vont les stigmatiser à une époque de théories scientifiques fantaisistes.

Rejetés de tous pendant des années, ils ont subis les colères de la nature sans jamais se plaindre, s'entraident, veillent les uns sur les autres et ont même adoptés des enfants. Il suffit que la civilisation arrive par le biais d'un instituteur désireux de les aider pour que leur bien devienne vital et quel bien ? Des théories racistes, eugéniques.

Pourtant tous ces personnages ont des facilités ou des dons dans certains domaines : peinture, latin, mathématiques, charpentes, soins, ... 

L'insouciante Tabitha Honey s'était révélée si douée pour le latin qu'on eût dit qu'elle s'en souvenait plus qu'elle ne l'apprenait. La taciturne Emily Sockalexis s'était prise de passion pour la géométrie ; elle en avait absorbé les règles avec une telle avidité que Matthew Diamond avait dû bientôt en réapprendre lui-même les grands principes afin de l'aider à progresser. Quand à Ethan Honey, il dessinait presque aussi bien que n'importe quel étudiant en art. 

Ce texte est doté d'une magnifique écriture fluide, forte et prenante. Du lyrisme,des métaphores, toutes les conditions sont réunies pour un coup de cœur et un grand moment de lecture.  

L'ouragan rugissait si fort que Patience Honey crut d'abord être sourde, jusqu'au où elle entendit la montagne marine déferler en avalanche vers eux, charriant un chaos de maisons et de bateaux et d'arbres et de gens et de vaches et de chevaux tournoyant dans un grand tumulte de hurlements, de fracassements, de mugissements, de hénissements et de destruction qui se précipitait droit sur l'île.

Dans cette histoire, rien de bien original quant au dénouement, les innocents paient face à la bêtise humaine. C'est pourquoi tant qu'il y aura des Apple Island, des familles Honey, Lark... il faudra des auteurs comme Paul Harding II car l'homme oublie vite où détourne trop souvent le regard pour ne pas avoir à oublier.

Merci aux éditions Buchet Chastel Cet avis n'engage que moi

# CetautreEden # NetGalleyFrance

 

 

 

​​​​

Seigneur Dieu ! C'est pour vous que le Christ a bravé l'enferr ? Je ne le supporte pas ; je ne peux pas le supporter une seconde de plus ! Bande de minables, misérables salopards débarqués de nulle part ! Vous autres, vous avez toujours de belles paroles à la bouche pour prouver qu'on vaut rien, mais c'est toujours les mêmes vieilles fichues foutaises en boucle ! Sans cesse à harceler les pauvres gens jusqu'à ce que vous les ayez massacrés jusqu'au dernier ! Vous êtes qu'une bande d'assassins.

Apple Island repose à la surface de l'Atlantique, ceinturée de nuit. Les tombes où les morts de l'île gisaient autrefois sont ouvertes et vides et elles écoutent comme des oreilles.

CET AUTRE EDEN sort le 28 août 2025 pensez-y.

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2025-08-05T16:11:40+02:00

Les chroniques de l'elfe lumineuse Livre Un

Publié par Althéa

_ Regarde-moi, murmura-t-il. Juste moi.
Ses yeux, envoûtants, ourlés d'ombre et d'éclats d'argent, la retenaient prisonnière d'un sort silencieux. Elle s'y abandonna encore un peu, incapable de fuir, impuissante à en avoir envie.

 Mon premier livre de Romantasy.

Un peu trop mielleux,trop sirupeux à mon goût mais l’auteure de nombreuses qualités.

La romance m’a paru convenue si ce n’est par le fait qu’il s’agit d’une elfe rousse à la grande impulsivité et d’un métamorphe beau et mystérieux. Le jeu de séduction est omniprésent ce qui doit plaire aux adeptes de ce genre.

Dans ce qui m’a plu je noterais : voir cette elfe s’adapter au mode de vie humain dommage qu’il n’y ait pas eu plus de détails.

Après plusieurs histoires sont en cours et restent en suspense avec le départ de nos amoureux. 

J’ai regretté le peu d’importance accordé aux légendes scandinaves mais la chute du Livre Un avec les elfes noirs et une certaine révélation laisse espérer un peu plus d’action, de magie, de combats.

Comme dans tout premier roman, il y a des faiblesses (orthographe, coquilles), certains passages alourdis par trop de détails mais il y aussi de très beaux passages, un joli style qui ne peut que s’améliorer avec le temps et des relectures.

Merci à Lyndsay Dee pour ce service de presse via Simplementpro.

_ Super, tu veux que l'on prenne ma voiture ?
_ Non, je préfère marcher un peu si ça ne te dérange pas.
Il était hors de question qu'elle monte dans une de ces machines de métal.
Elle éprouvait une répulsion profonde pour ces engins qui émanaient une odeur nauséabonde qu'elle avait constamment l'impression que son estomac allait se retourner à chaque fois qu'elle en croisait un.
L'idée même de s'y installer était totalement impensable pour elle.

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2025-08-04T18:48:39+02:00

L'homme qui rit

Publié par Althéa

Être aveugle et amoureux, c'est être deux fois aveugle.

C'était cette minute d'anxiété préalable où il semble que les éléments vont devenir des personnes, et qu'on va assister à la transfiguration mystérieuse du vent en aquilon. La mer va être Océan, les forces vont révéler volontés, ce qu'on prend pour une chose est une âme. On va le voir. De là l'horreur. L'âme de l'homme redoute cette confrontation avec l'âme de la nature.

Éblouie, émerveillée mais aussi touchée car ayant lu quelques biographies de l'auteur, j’y ai vu plus qu’un roman.

Le 31 août 1881, Victor Hugo rédigea d’une main ferme son testament :

« Dieu. L’âme. La responsabilité. Cette triple notion suffit à l’homme. Elle m’a suffi. C’est la religion vraie. J’ai vécu en elle. Je meurs en elle. Vérité, lumière, justice, conscience, c’est Dieu. Deus, dies. »

Olympio ou La vie de Victor Hugo André Maurois

J’ai lu ce roman et du début à la fin, j’ai vu l’accord entre l’homme et l’écrivain. Sa vie, ses pensées, ses idéaux politiques mais aussi sa dualité, les deuils ainsi qu’un formidable témoignage.

Tout commence avec l’incroyable histoire des comprachicos, de la tempête et de cet enfant de dix ans Gwynplaine abandonné, perdu dans la neige en pleine nuit et je n’ai pu m’empêcher de penser à Cosette apeurée allant chercher l’eau du puits.

C’est une œuvre de maturité où nous découvrons les aristocrates, le parlement, les lois, le peuple anglais, la misère, l’injustice juste un aperçu sans commentaire sans jugement.

« Accuser est inutile. Constater suffit. »

C’est aussi la vie d’Ursus et d’Homo (clin d’œil de l’auteur) qui se sont exilés de Londres et de la folie des hommes. Ursus serait un Gwynplaine âgé, désillusionné, sage et pourtant il commettra une erreur fatale.

Gwynplaine parce qu’il n’avait rien à perdre a sauvé un bébé Déa dont la mère est morte dans la tempête. Pureté des sentiments, innocence, Déa, aveugle, ne sent que l’âme des autres. Tous deux s’aiment tendrement.

«Ils se suffisaient, ils n’imaginaient rien au-delà d’eux-mêmes ; se parler était un délice, s’approcher était une béatitude ; à force d’intuition réciproque, ils en étaient venus à l’unité de rêverie ; ils pensaient à deux la même pensée. »

Gwynplaine connaîtra la richesse, le pouvoir mais sa seule ambition sera d’aider les plus faibles, il y voit sa destinée.

« Je suis prédestiné ! J’ai une mission. Je serai le lord des pauvres. Je parlerai pour tous les taciturnes désespérés. Je traduirai les bégaiements. Je traduirai les grondements, les hurlements, les murmures, la rumeur des foules, les plaintes mal prononcées, les voix inintelligibles, et tous ces cris de bêtes qu’à force d’ignorance et de souffrance on fait pousser aux hommes. Le bruit des hommes est inarticulé comme le bruit du vent ; ils crient. Mais on ne les comprend pas, crier ainsi équivaut à se taire est leur désarmement. Désarmement forcé qui réclame le secours. Moi, je serai le Verbe du Peuple. Grâce à moi, on comprendra. Je serai la bouche sanglante dont le bâillon est arraché. Je dirai tout. Ce sera grand. »

De très beaux passages : n’est pas Victor Hugo qui veut. L’auteur s'est énormément documenté.

La fin de ce livre m’a laissé sans voix, sans mots, tant ce livre est mêlé à sa vie. Je percevais Victor Hugo et sa vie, son œuvre derrière chaque mot. J’y ai vu ses doutes quant à son engagement politique qui lui a couté l’exil et une vie familiale perturbée. Et par-dessus tout j’y ai vu cet hommage à Léopoldine, son ange, et à son gendre partis trop tôt.

_ Le roucoulement est pour les jeunes et le gémissement pour les vieux. Hélas ! Je gémis.
Éaque répliqua :
_ Soyez averti de ceci : si un malade est soigné par vous, et s'il meurt, vous serez puni de mort.
Ursus hasarda une question.
_ Et s'il guérit ?
_ En ce cas là, répondit le docteur, adoucissant sa voix, vous serez puni de mort.
_ C'est peu varié, dit Ursus.
Le docteur reprit :
_ S'il y a mort, on punit l'ânerie. S'il y a guérison, on punit l'outrecuidance. La potence dans les deux cas.
_ J'ignorais ce détail, murmura Ursus. Je vous remercie de me renseigner. On ne connaît pas toutes les beautés de la législation.

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