Les temples se dressent défiant le temps et les mémoires éphémères. Ils sont mangés par les mauves et les séneçons cinéraires. Le vent caresse les monuments et apporte au voyageur ou au contemplatif, les impressions mélancoliques d’un illustre passé, construit dans le sang et la douleur pour l’unique gloire de quelques personnages, mortels parmi les mortels, se confondant avec la grandeur des dieux. C’est sans doute ce curieux mélange qui dégage cette sérénité particulière. Quand le temps dort depuis si longtemps au même endroit sans jamais être dérangé, l’éternité s’y installe un peu, enfin visible, palpable.
Comme dans tous les pays méditerranéens, l'enfant est un roi qui possède tous les droits, tous les égards. Il est source de jouvence, lien puissant entre les générations, passerelle nécessaire à la transmission du savoir et des traditions. Il incarne la vie. C'est une force nouvelle, insolente, qui pousse à l'optimisme le plus insensé, le plus insane, face aux pires situations.
« Mieux vaut vivre libre en Afrique, qu’enchaîné en Italie. Cette terre n’apporte plus rien, il n’y a plus d’avenir, il n’y en a jamais eu. Tu ne perds rien en partant. Dis-toi que c’est une chance. Si tu n’avais pas été obligé de fuir à cause de ton évasion, tu aurais probablement quitté la Sicile quand même. »
Gilles La Carbona s’est attelé à un roman qui retrace la vie de ses ancêtres. Tout commence avec Pietro né en Sicile, un homme d’honneur qui contraint par une grande injustice se verra dans l’obligation de fuir la Sicile. Il partira en Afrique du Nord laissant derrière lui sa vie, sa famille, son pays pour une terre inconnue.
Ainsi commence cette histoire vécue par de nombreuses personnes, ma famille incluse, certains pauvres car ils l’étaient cherchaient un endroit où travailler et nourrir leur famille et partaient pour l’inconnu dans l’espoir.
Bien entendu, c’est une fiction où à nouveau l’auteur excelle dans les descriptions et la réalité historique.
Pietro, de Tunisie partira en Algérie puis au Maroc où ils s’établiront, auront leur famille, leurs amis, un pays pour lequel ils combattront pendant la première guerre mondiale.
C’est aussi une histoire d’exil et de déracinement car un beau jour toute la famille devra partir pour la France et perdra à tout jamais ses racines. Pietro le sicilien sera enterré au Maroc.
C’est une très belle restitution de cette période, il y est même question d’un certain Marcel boxeur de son état.
« Voilà le terrible moment, le jour du départ. C’est un déchirement pour lui, une blessure qui ne cicatrisera jamais. Il est chassé de l’a vu naître. Il ne pardonnera jamais à personne. Pourtant il faudra vivre dans l’exil permanent. » Quelle justesse de ton avec le départ pour l’inconnu car beaucoup ne connaissaient pas la France.
Août arrive vite. Les moissons finissent d'être rentrées. Une autre récolte s'annonce. Sanglante, inutile, inoubliable. Les États européens entrent en guerre. Ils ont besoin de toutes leurs ressources humaines. L'Afrique du Nord va fournir à la France et à l'Italie son contingent de soldats. Certains crurent que le fait de verser son sang pour elle, suffirait à obtenir une reconnaissance éternelle. Quelle désillusion. La France broiera des vies et des familles entières, en considérant que ce massacre n'était qu'un dû normal envers elle.
Nicolas aime déambuler dans ce Casablanca qui a su conserver ses coins authentiques. Il aime flâner dans Le Mellah. Ancien souvenir des esclaves juifs employés comme paludiers par le Sultan. C'est là qu'on trouve les meilleurs artisans joailliers capables de ciseler à la main et devant le client de larges bracelets en or. Il pourrait passer des heures à les regarder travailler. Le geste est précis, La vitesse d'exécution impressionnante. Ce sont des artistes. Il aime le travail manuel, voir sortir de leurs mains incultes ces bijoux est un miracle dont il ne se lasse pas.
Les couvertures de Une cuillerée de miel et Racines siciliennes ont été crées par sa fille Pauline.