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litterature francaise

2024-09-08T19:49:11+02:00

Ceux du lac

Publié par Althéa

Nous sommes comme des poètes, Naya
- apatrides
Le grand Ghérasim Luca l'a dit bien avant moi : Minez vos nations, crachez sur vos nations.
Lui qui refusait passeport et papiers et qui écrivit avant de se jeter dans la Seine : Il n'y a plus de place pour les poètes dans ce monde.

« Je suis de ceux, crasseux et basanés, qu’on insulte sitôt qu’ils entrent dans l’enceinte des beaux quartiers.

Gitans, Roms, Tsiganes, chacun nous nomme par son propre venin

- voleurs, menteurs, mendiants. Sur

la langue, sur toutes les langues, la

même hargne, le même dédain. »

Le temps d’une lecture je suis devenue « ceux du lac », j’ai fait parti du clan Serban.

Les Serban sont cinq garçons, une fille, le père. Ils vivent simplement en harmonie avec une nature plutôt rude mais ils savent lire, sont libres et se refusent à vivre en ville dans un ghetto.

Ils n’ont pas grand-chose et sont heureux comme ça. Le peu qu’ils ont le ciel, le soleil, la terre, la nature, leur cabane, leur est repris pour construire une réserve. Bien qu’ils fassent parti de cet écosystème, les voir pourrait déranger la bonne conscience des visiteurs ou leur ouvrir les yeux.

Ainsi ce projet va faire d’eux des assistés, des inadaptés, rattrapés par la civilisation, sa violence, l’alcoolisme, le racisme.

Leur infortune va nous permettre de découvrir de nombreux personnages hauts en couleur qui vont témoigner de leur vie avant et après Ceaucescu.

Une mention spéciale pour Moroï qui part son regard et la confiance dont il fait preuve échappera à la mort plusieurs fois.

Des légendes, du fantastique, des secrets, une promesse tenue, un récit qui nous tient en haleine.

C’est l’occasion de découvrir un autre pan de l’histoire roumaine et de ses souffrances avec les minériades dont j’ignorais tout.

Corinne Royer fait désormais partie de ces autrices dont j’ai envie de lire d’autres romans tant pour le style que pour les sujets abordés.

Un roman qui m’a bouleversée, choquée, indignée et fait réfléchir sur notre monde et ses aberrations.

« Renoncer à la liberté et aux grands espaces, au rythme quiet des saisons inscrit dans la laitance de la lune, à la fierté de ne rien devoir à personne. » Est-ce humain d’en obliger d’autres à subir ce destin ?

Merci aux éditions du Seuil pour ce service de presse. Cette chronique n’engage que moi.

#Ceuxdulac #NetGalleyFrance

Sasho était persuadé que les hommes éloignés de la nature mouraient ainsi, dans une tritesse résignée. La mortelle-même était mortifiée de les prendre de cette manière, en cette enclave de béton où ils avaient vécu comme dans un cercueil déjà clos.

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2024-08-27T20:23:54+02:00

Échappées

Publié par Althéa

Ils sont beaux et la châtaigneraie leur appartient.
Si les femmes devaient partir, s'ils ne pouvaient plus vivre ici, tous ensemble, alors il vaudrait mieux qu'on les tue. Plutôt que de les arracher à leur forêt, à leur terre, il vaudrait mieux les noyer dans les ruisseaux, les étouffer sous un oreiller, les abattre d'une balle dans la tête. C'est ce qu'il faudrait faire, se dit Sophie, pour eux, pour nous.

Sur une île, des femmes et des enfants vivent dans une châtaigneraie sous l'œil d'Anita, protégés par des grilles.

Anita c'est la mémoire des lieux, la propriétaire de cette maison tout à la fois refuge et prison.

Au gré des saisons nous allons suivre cette "tribu".

Malgré la douceur des lieux, les récoltes, la complicité entre ces femmes, quelques réactions, quelques non-dits semblent dissimuler de lourds secrets.

Un excellent roman sur la violence des hommes, la violence des sentiments et la violence en héritage.

Une très belle description de la châtaignerie et de la vie d'autrefois comme si on y était.

Avec une fin surprenante. Une fois le livre fermé, je n'ai pu m'empêcher de penser à ces femmes qui dansent et qui boivent pour exorciser leurs peurs, oublier.

Manon Jouniaux a écrit un premier roman d'une grande maturité. Un roman viscéral mâtiné de réalisme magique, doux, poétique et violent qui est un coup de cœur pour ma part.

Je tiens à remercier les éditions Grasset pour ce service de presse.

#Echappées #NetGalleyFrance

Chaque année, à l'automne, le vent se lève, les arbres remuent leurs branches, les châtaignes dégringolent, tombent en pluie sur nos colonnes brisées. Les mains s'agitent, excitées par la quête, tâtent les filets à la recherche du fruit précieux, des piques dorées de la bogue qui chatouillent les doigts.

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2024-08-22T16:18:05+02:00

Sarah Bernhardt : le rire incassable

Publié par Althéa

Je n'aurais jamais pu écrire longtemps sur quelqu'un que je ne connais pas de quelque manière que ce soit.

Une lecture légère et spirituelle.

Une biographie sous forme de dialogues fictifs entre deux monstres sacrés.

Deux femmes : Sarah Bernhardt et Françoise Sagan ont suivi leur cœur et vécu leur vie au gré du vent sans se soucier du qu’en dira-t-on.

Qui mieux que Françoise Sagan pouvait comprendre et donner vie à Sarah Bernhardt du fond de sa tombe.

C’est malicieux, sans faux-semblants, avec quelques questions sans réponses, Sarah s’y amuse de son rire incassable. Et Françoise partage admiration, curiosité et suppositions pour la tragédienne.

 Deux temporalités, deux femmes modernes et indépendantes, de nombreux points communs dans leur vie.

Une lecture que je quitte à regret encore sous le charme de la plume de l’une et la vivacité de l’autre. Un livre à lire absolument !

Merci aux éditions Le livre de poche pour ce service de presse

#SarahBernhardtlerireincassable #NetGalleyFrance

La vie est grande et libre et drôle. La vie est étonnante. Il y a du vent, il y a des larmes, il y a des baisers, il y a des folies, il y a des envies, il y a des remords.

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2024-08-21T16:37:17+02:00

Après la brume

Publié par Althéa

Je l'ai entendue crier. Par petits groupes, les habitants se rassemblent sous les falaises, les frontales s'allument, une à une. Les motspassent des uns aux autres, battue, demain six heures. Le cri traverse le groupe. Animal, rauque, la douleur d'un membre rongé, la rage de celle qui désire le meurtre, la blessure. La détresse. Je n'ai jamais rien entendu de pareil.

Raph a disparu.

Des femmes la recherchent.

Une île avec ses sortilèges.

Après la brume est un premier roman qui je l'espère ne sera pas le dernier.

Un roman choral qui se lit d'une traite emporté par le souffle de ce récit.

L'occasion pour nous de découvrir les femmes de l'île, leurs liens, leurs vies, leurs souffrances car la mer est bien souvent synonyme de deuil et de légendes.

J'ai été séduite par le style d'Estelle Rocchitelli, phrases courtes, chapitres courts, une écriture viscérale.

Un récit à la frontière du réalisme magique, avec la nature pour écrin.

Un récit beau, poétique et inquiétant.

Je tiens à remercier Marie-Anne Lacoma des éditions Dalva qui a eu la gentillesse de m'envoyer ce service de presse.

 Un coup de cœur de la rentrée. 

 

Je pense à la tempestaire, qui parcourt les villages, bâton à la main, au bout des lèvres les derniers ragots, les querelles, les noces, les nouveaux-nés. Elle n'appartient à aucun bourg. Quand les courants l'acceptent, elle vient jusqu'à l'île pour calmer les bêtes, apaiser les moutons affolés par les bourrasques, en soufflant dans une flûte de roseau.

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2024-08-21T09:17:43+02:00

Il neige sur le pianiste

Publié par Althéa

J’ignorais encore que le musicien venait également de tomber dans le cercle magique annoncé quelques minutes plus tôt par le retard, qu’il s’agirait d’un bizarre roman d’amour, qu’il en serait le personnage, et qu’avec le renard ça m’en ferait deux, et que jusqu’à la fin je ne saurais pas lequel des deux j’allais aimer le plus.

 

 

Certaines phrases sont des invitations à la lecture d’un livre, celle-ci en fait partie :

« Ceux qui ne veulent pas tuer n’en ont pas fini de soigner le monde autour d’eux, c’est comme ça. Il faut nous y faire.»

J’ai emprunté les yeux de la narratrice et je me suis laissée aller à admirer ce renard, à contempler ce pianiste endormi. Son regard se pose, enveloppe, questionne, commente.

C’est un texte surprenant, envoûtant.

Des instants précieux capturés. La vie dans toute sa richesse, sa sensualité. Le son de la neige, l’odeur des pins, le roux du renard, les silences du pianiste, sa musique et les photographies de maisons atypiques qu'il collectionne.

Une vie hors du temps. Une solitude choisie, recherchée, loin d’un monde chaotique. Une vie simple où les plus petites choses ont de l’importance.

Merci à Claudie Hunzinger pour cette œuvre poétique pleine d’humanité.

Parce que je fais partie du peuple animal et que je suis à moitié sylve. Ce roman est une épiphanie, un instant de grâce. Un énorme coup de cœur pour sa douceur et sa beauté.

Allez guetter la venue du renard, pénétrez dans son cercle magique.

Merci aux éditions Grasset de leur confiance.

Il neige sur le pianiste sort le 21 août 2024

# Ilneigesurlepianiste # NetGalleyFrance

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